בס”ד
Parashat Shemot – פרשת שמות
Shemot chapitres 1 à 6
Le Houmash Béréshit dont nous venons d’achever la lecture et l’étude, est le livre des Avot, des pères du peuple juif. Il raconte leurs difficiles engendrements, et la nécessité répétée de choisir entre leurs enfants, celui qui portera leur héritage spirituel. Dans la plupart des cas, ce choix se fait au détriment de l’héritier « naturel » : Yitshak et non Yishmaël, Yaakov et non Essav, Yossef au grand dam de ses frères, Efrayim et non Menashé…
Le Houmash Shemot va lui, nous entrainer sur les traces des fils devenus un peuple, à qui il appartiendra de réaliser l’alliance conclue entre Abraham et Dieu, Brit ben Habetarim, dont le programme était déjà annoncé : l’exil, l’oppression et l’esclavage, la délivrance, le don de la Tora, la traversée du désert à travers l’expérience permanente de l’intervention divine…
La parasha Shemot commence par le rappel des noms de la progéniture de Yaakov lors de leur descente en Egypte au nombre de 70. En deux verset, elle évoque l’extraordinaire croissance des Bnei-Israël, dans les quelques générations qui séparent la mort de Yossef, et celle de notre récit.
Une croissance qui ne manque pas d’inquiéter :
ויקם מלך חדש על מצרים אשר לא ידע את יוסף
« Et se leva un nouveau roi sur l’Egypte qui n’a pas connu Yossef »
Les Hakhamim s’intéressent à la formulation de ce verset, et à sa signification profonde.
Guemara Erouvim 33/1 à propos du mot חדש – nouveau :
Deux maitres, Rav et Shmouel, confrontent leur compréhension de ce terme :
L’un dit : (le roi est) vraiment nouveau
L’autre dit : (un roi) dont les décrets ont été renouvelés, car il n’est pas écrit (dans notre verset) : « et il mourut…et un nouveau roi monta sur le trône… וימות…וימלוך » (ndlr : donc, le roi n’est pas véritablement « nouveau »).
Et à celui qui a dit que « ses décrets ont été renouvelés », (la guemara objecte) : pourtant il est écrit « qui n’a pas connu Yossef ». (ndlr : entendez par la, que s’il n’a « pas connu Yossef », comment peut-on dire que « ses décrets ont été renouvelés » ?).
La guemara conclut ainsi :
C’est comme s’il n’avait pas du tout connu Yossef.
Le Kli Yakar apporte un éclairage complémentaire, sur ce roi nouveau « qui n’a pas connu Yossef » . Ce roi n’a pas connu (ou voulu connaitre) le parcours de Yossef, dont les frères ont tout tenté pour le mener à sa perte et annuler ses rêves, et la volonté divine de réaliser ses rêves et le mener à la grandeur.
Pour le Kli Yakar, la Tora n’utilise jamais le mot ויקם – il se leva, à propos des rois. Il aurait fallu écrire « et régna un nouveau roi sur l’Egypte ». Pourquoi utiliser « il se leva » ?
Le verbe se lever (dans le langage de la Tora) s’applique à l’action de « se lever » contre son prochain avec l’intention de lui nuire. Par exemple : ויקם קין על הבל אחיו וירגהו – “Caïn se leva contre son frère Abel et le tua” (Ber.4/8).
Ou encore (Dev. 22/26) כי כאשר יקום איש על רעהו ורצחו נפש– « si un homme se lève contre son prochain et le tue ».
Le choix de ce terme révèle les intentions agressives du « nouveau roi », qui va tenter contre les Bnei Israël toutes sortes de stratégies, vouées à l’échec car opposées aux projets divins, et qui mèneront l’Egypte à sa perte. D’une certaine façon, le « nouveau roi qui s’est levé sur l’Egypte » s’est retourné contre l’Egypte elle-même.
La lecture que fait le Kli Yakar, du verset suivant, va dans le même esprit :
ויאמר אל עמו הנה עם בני ישראל רב ועצום ממנו
« Il dit a son peuple : voyez le peuple des enfants d’Israël est plus nombreux et plus puissant que nous ».
הבה נתכמה לו
“allons ingénions-nous contre lui”.
Bizarrement, le roi, nous dit le texte, s’adresse à son peuple, alors qu’il a probablement fait cette déclaration à ses ministres, ou à ses magiciens.
De plus, au lieu de leur dire « voyez les enfants d’Israël », le roi les appelle « peuple ». Il semble dire à son peuple : « un deuxième peuple est en train de voir le jour là ou il n’y a place que pour un seul peuple ».
Ce « peuple des enfants d’Israël est plus puissant que nous ».
Le terme ממנו – que nous, est lu autrement par le Kli Yakar :
רצה לומר שכל חזקו של ישראל נמשך לו ממנו יתברך דהינו ממקור ישראל
לפיכך “הבה נתחכמה לו” למקורם דהינו למושיען
« On veut dire que toute la puissance d’Israël, lui vient ממנו – de lui Béni soit-il, qui est la source d’Israël.
« C’est pourquoi il est écrit « allons ingénions nous contre lui, qui est leur source, et leur sauveur ».
Shabbat Shalom