Norbert BEL ANGE nous en parle

Norbert BEL ANGE nous en parle

« Israël dans le concert des nations »

Le titre de ce cycle de conférences initié par le Collège académique de Netanya, l’Alliance Israélite Universelle et l’Espace Francophone d’ Ashdod, pour la saison 2018-2019, en impose.

Ce lundi 17 décembre 2018, il s’agissait d’aborder les « rivages » (à Ashdod, le vocable est de mise) actuels des relations d’Israël avec ses voisins immédiats, avec l’Union Européenne, l’Europe occidentale, les USA de Donald Trump, L’Afrique subsaharienne, l’Inde et la République populaire de Chine…

Vaste programme !

Heureusement, toute l’équipe de l’Espace Francophone était sur le pont !

Pour la première fois, le centre pédagogique Pizga d’Ashdod accueillait l’Espace Francophone et ses nombreux invités.

Pour aborder la complexité, la rudesse, le côté passionné, passionnant et passionnel des relations internationales, il fallait bien la présence des trois prestigieux intervenants. Je cite dans l’ordre alphabétique : Frédéric Encel, Emmanuel Navon, et le remarquable modérateur Cyril Amar, journaliste à I24 News.

À l’heure prévue, Jean-Claude Bensoussan, président de l’Espace Francophone ouvre la soirée. Courtois, souriant, il souhaite la bienvenue au public et aux conférenciers.

Cyril Amar, dans son introduction, signale combien les diplomates étrangers considèrent comme valorisant un poste en Israël. Israël a, aussi, une représentation diplomatique sur tous les continents.

Les amis actuels d’Israël, comme d’autres, recherchent les faveurs du pays. Malgré le conflit israélo-palestinien. Pour autant le déficit d’image existe bel et bien pour Israël ; le BDS en est un bon exemple.

Cyril Amar signale le désamour entre Israël et les vieilles nations européennes et les amours naissantes avec de nouveaux membres de l’UE.

Vient le tour d’Emmanuel Navon, universitaire israélien, diplômé de Sciences politiques, rompu au débat.

Pour faire pendant au BDS, Emmanuel Navon annonce le recul, tout frais, d’AIRBNB.

Puis, il enchaîne avec une magistrale leçon d’histoire sur l’Après Seconde Guerre mondiale. L’aide de la France à Israël en différentes occasions. Le déclin de la France, selon lui, depuis 1973 et le choc pétrolier. Il aborde la difficulté pour Israël de trouver une place pour pouvoir s’exprimer.  Finalement, il y a une sorte de « cooptation » au sein de l’Europe.

Pour Emmanuel Navon, les relations internationales ne sont pas des histoires de « bisounours » (c’est moi qui le dis) mais le lieu où la realpolitik a toute sa place.

Accepter de coopérer avec Mateo Salvini de la droite extrême italienne n’est pas la pire des choses. Salvini tente de stabiliser le gouvernement italien actuel. Et Israël en a besoin pour faire aboutir le formidable projet du gazoduc israélien : entre Israël et le sud de l’Italie.

Vient le tour de Frédéric Encel. Enseignant à l’institut des sciences politiques de Paris, Frédéric Encel écrit beaucoup et intervient souvent dans les médias.  

Voici quelques-unes de ses analyses.

Depuis 1973, Israël ne connaît pas de véritable menace stratégique.

Les pays de l’Europe orientale font «  les yeux doux » à Israël car les Juifs peuvent être un « pont » vers l’Amérique. Ces pays sont au nombre de 10 sur un total de 27 pays de l’UE.

Pour Frédéric Encel,  du temps a passé depuis les caciques pro-arabes du Quay d’Orsay. Les diplomates français ne sont plus systématiquement anti-israéliens. D’autant que selon lui, le monde arabe n’existe plus. La ligue arabe absente. Et que les relations se tissent désormais d’état à état.

Le levier pétrolier arabe a perdu de sa superbe.

Le monde arabe est minoritaire dans le monde musulman. Les menaces iraniennes tiennent plus de la posture.

Les ennemis d’Israël pourraient faire plus contre Israël et pourtant ils ne le font pas.

Pour toutes ces raisons, il apparaît que le conflit israélo palestinien  pour beaucoup de pays devient un contentieux.

Questions/réponses

-Emmanuel Navon signale l’exemple récent du Tchad, pays musulman en proie au djihadisme, qui vient chercher l’expertise israélienne. Ainsi Israël renoue avec un passé prestigieux en Afrique.

-Frédéric Encel : « Israël n’intéresse pas ce garçon ( Trump). »

Le transfert de l’ambassade n’a pas suscité de réactions des pays arabes. Trump se plait dans son nouveau job et pour y rester, il convoite le vote des évangéliques. Enfin, pour beaucoup d’Américains, la démocratie et la démocratie israélienne en particulier cela veut dire quelque chose.

Quant aux armes françaises vendues au Liban, il y a de fortes chances qu’elles n’intéresseront pas le Hezbollah.

La pérennité du peuple juif en Europe, l’antisémitisme en France, dans les deux cas, la situation n’est pas très bonne.

Quant à la situation économique, avec un brin d’humour, Encel imagine que dans quelques années  Israël pourrait aider la France.

En guise de conclusion et comment tenter de résumer deux heures pleines… exercice difficile et périlleux.

Les cent cinquante personnes présentes (un vrai succès) sont-elles reparties avec plus de questions que de réponses ? Probablement. Et c’est le questionnement qui importe !

Avis personnel : Frédéric Encel et Emmanuel Navon, avec un brin d’humour, ont su analyser avec rigueur la place d’Israël dans ce concert des Nations. Avec optimisme et réalisme.

Nous attendons avec beaucoup d’impatience la venue de Stéphane Amar, le 13 janvier 2019, qui apportera  un éclairage singulier et neuf sur les relations entre Israël et les Palestiniens.

 

Norbert Bel Ange

Ashdod, le 20 décembre 2018

 

 

 

 

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