Parashat Bo

Parashat Bo

בס”ד

 

Parashat Bo – פרשת בוא

Shémot chapitres 10 à 13

 

Dans notre parasha, se déroule l’acte final du “bras-de-fer” qui se joue, entre Hashem, Moshé et Aharon d’une part, et Pharaon de l’autre.

Les trois dernières plaies vont avoir raison de l’entêtement de Pharaon qui finit par céder, et laisse partir les Bnei Israël. Quoiqu’il tentera une dernière manœuvre qui lui sera fatale.

Mais n’anticipons pas.

Je propose une réflexion sur les plaies, les מכות. A quoi correspondent-elles ? Y a-t-il un ordre, ou une hiérarchie dans leur manifestation ?

Voyons d’abord ces dix plaies dans leur ordre d’apparition :

  • דם – le sang.
  • צפרדע – les grenouilles.
  • כנים – la vermine.
  • ערוב – les bêtes sauvages.
  • דבר – mort du bétail.
  • שחין – ulcères.
  • ברד – la grêle.
  • ארבה – les sauterelles.
  • חושך– les ténèbres
  • מכת בכורות – la mort des premiers-nés.

Lorsque nous lisons la liste des dix plaies durant le Seder de Pessah, la citation suivante vient juste après:

רבי יהודה היה נותן בהם סמנים: דצ”ך עד”ש באח”ב

« Rabbi Yéhouda en donnait les signes (mnémotechniques) suivants :

DeTSaH, AaDaSH BeAHaV ».

En fait, il s’agit des initiales des dix plaies, organisées en trois « groupes » de 3, 3 et 4 par Rabbi Yehouda.

Que vient-il nous apprendre à travers cette formulation ?

S’agit-il d’un simple moyen “mnémotechnique” destiné à en faciliter la mémorisation?

Le Midrash Lékah Tov explique que les plaies de la vermine (3ème), des ulcères (6ème) et des ténèbres (9ème) ont été exécutées, sans Hatra’a, sans l’avertissement qui a précédé les autres plaies.

Ce qui conduit à: 2 plaies avec Hatra’a et la 3ème sans Hatra’a, le même rythme se poursuivant sur les trois séries de plaies. La dixième, la mort des premiers-nés, est également précédée d’une Hatra’a.

Nous avons là une explication « technique » de Detsah, Aadash Beahav. Nous apprenons ainsi que Hashem a fait en sorte que Pharaon soit averti en bonne et due forme avant chaque plaie. Sauf pour la 3, la 6 et la 9. Pourquoi ? Qu’ont-elles de particulier ?

Le Midrash Hagadol yéménite, cité par le professeur Leibowicz, explique que Hashem lance un premier, puis un second avertissement, et lorsque ceux-ci ne produisent pas d’effet, alors il frappe sans avertissement.

Le Maharal repousse cette explication :

ואם אתה אומר שבא כך בשביל ששני פעמים הקדוש ברוך הוא מתרה בהם, ואם לא ישמע בשתי פעמים, מביא עלהם המכה בלא התראה, אם כן, כל שכן שלא יהיה מתרה בו במכה רביעית והחמישית וכל מכות הבאות אחר כך.

«  Et si tu dis que celà s’est passé ainsi, que deux fois Hashem les avertit, et que s’il n’entendent pas les deux fois, il leur inflige la plaie sans avertissement. Si c’est ainsi, à plus forte raison ne devrait-il pas les avertir de la quatrième plaie, ni de la cinquième, ni de toutes celles qui viennent après. »

Pour le Maharal, la question reste entière : que recouvre cette organisation des plaies, suggérée par Rabbi Yéhouda ?

Pour le maitre de Prague, il est évident que les plaies suivent une courbe ascendante, du niveau le plus faible, ou le plus bas, au plus fort et au plus élevé. Si Hashem avait commencé par la plaie la plus forte (notre 10ème), Pharaon aurait immédiatement renvoyé les Bnei-Israel. Le Maharal définit trois réalités :

Le monde matériel, la terre et l’eau, et tout ce qui y vit, est une première réalité.

L’espace du monde, qui est l’intermédiaire entre la terre et le ciel, constitue une deuxième réalité.

Et le ciel, qui se situe au dessus de l’espace terrestre, est la troisième.

Nous avons donc trois niveaux : l’inférieur, le supérieur, et entre les deux, l’espace intermédiaire. C’est là qu’est le lieu de résidence de l’homme.

Pour le Maharal, les trois premières plaies affectent le monde d’en bas (le Nil qui se transforme en sang, et pulule de grenouilles, et la terre qui fourmille de vermine).

Les trois suivantes se produisent dans le monde intermédiaire : les bêtes sauvages, la mort du bétail, et les ulcères.

Les trois dernières plaies viennent du ciel, et sont la grêle, les sauterelles et les ténèbres.

Vient enfin la dixième plaie, la mort des premiers-nés. Elle est au dessus de tout, puisqu’elle atteint l’âme humaine d’origine supérieure.

Le Maharal voit dans cette organisation des plaies, une dimension cosmique. Hashem, créateur de l’univers et de tout ce qu’il renferme, intervient à travers des plaies qui affectent tous les niveaux de la création.

Lors de la 3eme plaie, celle des כנים – la vermine, les mages de Pharaon dirent :

אצבע אלוקים היא – c’est le doigt de Dieu. Ce qui fait écrire a Rabi Saadia Gaon (cite par le rav Kasher, dans Tora Shléma), que l’expression « le doigt de Dieu » se retrouve en trois endroits :

-Tehilim 8/4 : « quand j’observe tes cieux œuvre de tes doigts, la lune et les étoiles.. »(Les astres en général.

-Dans Shémot 31/18, à propos des Tables de la Loi  « écrites par le doigt de Dieu ».

-Et à propos de la plaie de la vermine (Shémot 8/15) « c’est le doigt de Dieu ».

Saadia Gaon explique pourquoi le « doigt de Dieu » s’applique aux astres, aux Louhot, et à la vermine : « les astres sont ce qu’il y a de plus grand, la Tora, certes plus petite par la taille, mais combien plus « grande » par la splendeur, et la vermine, représentant la petitesse et l’insignifiance. Et malgré celà, le texte les évoque tous trois avec « le doigt de Dieu » pour indiquer que face à la toute puissance divine, tout se vaut.

Shabbat Shalom.

 

 

Dvar Charles et Herve JUDAISME