Parasha Béshalah

בס”ד

Parasha Béshalah – פרשה בשלח

Shémot 13-17

Rappelons que la parasha Bo s’achève sur la mort des premiers-nés égyptiens, et le “renvoi” des Bnei Israël, munis des objets précieux empruntés aux Egyptiens, et de ces galettes cuites dans la précipitation du départ, les Matsot.

Béshalah va nous relater les premières étapes des Bnei Israël dans le désert, conduits par une nuée le jour et une colonne de feu la nuit. Elle est la parasha du dernier » endurcissement  du cœur » de Pharaon qui va partir à la poursuite du peuple, et finir, avec ses troupes, au fond de la mer.

Les Bnei Israël traverseront la mer à pied sec et entamerons la Shirat Hayam – le cantique de la mer. L’euphorie sera de courte durée : lorsque l’eau viendra à manquer, ainsi que la nourriture, le peuple ne tardera pas à se révolter contre Moshe. D.ieu institue alors la Manne. Celle-ci nourrira le peuple pendant quarante ans.

Eclate alors la seconde « révolte de l’eau », suivie de la première bataille contre Amalek. Celui-ci est battu, et la parasha s’achève sur l’engagement divin d’effacer le souvenir d’Amalek et de le combattre de génération en génération.

Réflexion :

Nous rencontrons souvent dans la Tora, un même mot dans le même verset, ou dans des versets différents, dont l’orthographe va varier.

Prenons tout de suite deux exemples :

Le premier est tire du récit de la mission confiée par Abraham à son serviteur Eliézer, d’aller trouver femme à Yitshak :

  • Beréshit 24/5 : « Peut-être (Oulay-אולי) la femme n’acceptera pas… »
  • Beréshit 24/39 sur le même sujet : « Peut-etre (Oulay-אלי) la femme…”.

On voit bien que le premier « oulay » est Malé(מלא)  , puisqu’il comporte un Vav, alors que le second est Hasser   חסר)), sans Vav, et pourrait être lu “Elay”.

Ou encore, lorsque Yaakov, revêtu d’une peau,  vient recevoir la bénédiction de son père, en se faisant passer pour Essav:

Beréshit 27/23 : « Et il dit: la voix ( Hakol-הקל) est la voix (Kol-קול) de Yaakov…”

Le mot comportant la lettre Vav est qualifié de Malé (plein), alors que celui ou manque le Vav est Hasser (défectueux, manquant), et pourrait etre lu “Kal” au lieu de “Kol ».

Le cantique שירת הים de notre parasha est précédé du récit de la traversée de la mer par les Bnei-Israël. Deux versets semblent se répéter, à quelques différences près qui n’ont pas echappé aux maitres du Midrash :

Verset 22:

ויבואו בני-ישראל בתוך הים ביבשה והמים להם חומה…

“Les enfants d’Israël vinrent dans la mer sur la terre sèche, et l’eau était pour eux une muraille ». 

Verset 29, après que l’eau ait recouvert les Egyptiens, et avant d’entamer le cantique :

ובני ישראל הלכו ביבשה בתוך הים והמים להם חמה..

« Et les enfants d’Israël marchèrent sur la terre sèche dans la mer, et l’eau était pour eux une muraille ».

Les deux versets disent sensiblement la même chose. En regardant de plus près, on remarquera une première différence : le mot « Homa » est « Malé » dans le premier verset, et « Hasser » dans le second,

La Mekhilta (Midrash- Halakha) de Rabbi Yishmaël explique ainsi חומה  et  חמה:

“Les Mal’akhim s’étonnaient que des idolâtres marchent à pied sec dans la mer. Et d’où sait-on que la mer s’emplit de colère (Heima) contre eux? Car il est dit « et l’eau était pour eux un mur  חמה “. Ne lis pas Homa, mais Heima ».

Pourquoi les eaux étaient elles en colère ? Pourquoi  le mur protecteur du verset 22, s’est-il mué en cours de route, en un mur de colère au verset 29 ? Que veut-on nous enseigner ?

Un coup d’œil plus attentif sur nos deux versets nous permet de découvrir une autre différence :

-Et les Bnei Israël vinrent dans la mer sur la terre sèche : d’abord la mer, puis la terre sèche.

-Et les Bnei Israël marchèrent sur la terre sèche dans la mer : d’abord la terre sèche, ensuite la mer.

Pour le Gaon de Vilna rapporté par le Rav Rivlin, alors que l’avant-garde des Bnei Israël était déjà dans la mer, l’arrière-garde constituée de la tribu de Dan, était encore sur la terre sèche. Ceci pour le premier verset.

Le second verset s’applique au moment ou l’avant-garde était déjà arrivée sur la terre sèche, et que la tribu de Dan était encore dans la mer, provoquant sa colère (Heima). Pourquoi cette colère ? Selon la guémara Sanhedrin, la tribu de Dan transportait une idole, la statue de Mikha.

Le même mur constitué par la mer, était protecteur pour les uns, les Tsadikim, et accusateur pour les autres. Les premiers étaient entrés dans la mer à la suite de Nahshon ben Aminadav, tant leur confiance était grande.

Rabbi Hayim de Volojin explique que D.ieu a créé l’homme à son image, et lui a confié le monde. Aussi, lorsque Moshé voit arriver les Egyptiens, D.ieu lui dit : pourquoi cries-tu vers moi ? Dis aux Bnei Israël d’avancer. Ce qui signifie que la chose  dépend d’eux. S’ils ont confiance en la Providence divine, ils provoqueront l’ouverture de la mer.

Pour Rabbi Hayim, ce n’est pas Hashem qui a fendu la mer (si l’on peut dire), mais la forte confiance d’Israël, cette « foi qui fait bouger les montagnes ».

Shabbat Shalom

Dvar Charles et Herve JUDAISME