בס”ד
Parashat Tetsave – פרשת תצוה
Shémot 28 à 30
Étonnamment, notre parasha commence par:
ואתה תצוה את בני ישראל…….et toi, tu ordonneras aux enfants d’Israel……
Cette injonction adressée à Moshe, introduit tous les détails relatifs à la préparation de l’huile destinée à la Menora du Mishkan, le sanctuaire du désert.
Cette expression ואתה – et toi, revient encore deux fois dans la suite du texte, relatif aux vêtements des prêtres, aux sacrifices, à l’onction des prêtres, à l’autel des encens, etc…
Non seulement la formule à laquelle nous sommes habitués – L’Eternel parla à Moshé pour dire – וידבר ה״ אל משה לאמר, est absente de la parasha, mais le nom de Moshé lui-même est absent de Tétsavé.
Nous savons bien que “et toi – ואתה ” s’adresse à Moshé, mais pourquoi notre maître, omniprésent de Shémot à Vaykra, n’est-il pas cité dans notre parasha?
Certains commentateurs expliquent cette absence par une référence à ce qui a suivi l’épisode du veau d’or. Et ne vous étonnez pas de la non-chronologie des événements, certains maîtres arguant qu’il n’y a pas d’avant ni d’après dans la Tora, ce qui signifie probablement que certaines valeurs, ou certaines vérités, ne dépendent pas du temps.
Après la faute du veau d’or, Hashem veut détruire le peuple, et en susciter un autre à partir de Moshé. Celui-ci dit alors à D.ieu:
ועתה אם תשא חטאתם, ואם אין מחני נא מספרך אשר כתבת
Et maintenant si Tu pardonnais leur faute, sinon efface-moi de Ton livre que Tu as écrit.
D.ieu prenant au mot une parole provenant d’un juste, aurait fait disparaître le nom de Moshé de Tétsave, 20ème parasha – (מספרך: מספר -כ).
Mais pourquoi appliquer précisément cette absence à Tétsavé? Qu’est-ce que cette parasha a-t-elle de particulier?
Des commentateurs mystiques tels que le Shem MiShmuel, ou Rabbi Hayim de Vologin, expliquent que Moshe Rabeinou avait atteint un tel degré de pureté, qu’il s’était tellement détaché de sa dimension corporelle, que “la Shekhina s’exprimait par la gorge de Moshé”.
L’humilité de Moshe était telle, que sa réalité physique ne faisait pas écran avec la parole divine.
On peut remarquer que les premiers mots de la parasha ואתה תצוה – et toi tu ordonneras – transfèrent à Moshé l’autorité d’ordonner, là où l’on était habitué à lire “l’Eternel parla à Moshe…”. Cet ordre concerne, nous l’avons dit plus haut, l’huile pour la Menora. Il est formulé ainsi:
ויקחו אלך שמן זית זך כתית למאור להעלות נר תמיד.
…Ils te prendront de l’huile d’olive pure pilée pour le luminaire, pour allumer les lampes toujours.
La Guémara (Ménahot p.86b) met l’accent sur le terme אליך – à toi et l’oppose à אלי – à moi. לי.
Au début de Térouma, Hashem avait ordonné à Moshé de dire aux enfants d’Israel:
ויקחו לי תרומה
Ils me prendront une offrande (pour le Mishkan
Alors que Tétsavé commence par l’ordre donné à Moshé (non cité) de dire aux Bnei Israel:
ויקחו אליך שמן זית…
Ils te prendront de l’huile d’olive…(pour la Ménora).
“Rabbi Shmouel bar Nahmani a dit (il est écrit) A toi, et pas: à Moi, car Je n’ai pas besoin de sa lumière (de la Menora)”.
Dans la perspective du Mishkan, et plus tard du Bet Hamikdash, le texte met l’accent sur le fait que ces édifices et leurs objets ne viennent pas satisfaire un “besoin” divin, mais ont pour but de permettre à l’homme de se rapprocher du Créateur. C’est nous qui avons besoin de lumière.
Rabbi Shimshon Raphael Hirsch signale que l’ordre relatif aux Nérot, suit les instructions pour la construction du Mishkan, et est suivi de celles relatives aux בגדי כהונה – vêtements des prêtres, et à leur entrée en fonctions. On vient nous enseigner que l’allumage des lumières, qui symbolisent l’esprit de la Tora, est la source de l’accomplissement des autres Mitsvot. Il appartient au Cohen d’entretenir et développer cet esprit.
Ata Tetsave: toi (Moshé) qui as reçu la Tora au Sinaï afin de la transmettre à Israël, c’est à toi qu’incombe la responsabilité de veiller à la transmission de cette Tora symbolisée par la lumière, rôle dévolu aux prêtres.
L’humilité de Moshé:
Je faisais remarquer au début, l’absence du nom de Moshé, bien que le propos s’adressait à lui.
Restait-il “à l’ombre” au moment où son frère Aharon et les Kohanim allaient être à l’honneur pour ne pas “leur faire d’ombre” et leur laisser toute la lumière des projecteurs?
C’est précisément ce moment que choisit Hashem pour dire à trois reprises: VeAta, VeAta, VeAta (et toi…) et mettre ainsi l’accent sur le rôle central de Moshé.
“Celui qui se fait petit est grand, celui qui se croit grand est petit” (Zohar, rapporté par Rav Rivlin).
Une courte histoire pour illustrer ce thème de la Anava, de l’humilité.
Un Rav hassidique très connu et respecté décède et laisse deux fils érudits, sans avoir désigné lequel serait son successeur. Il s’avéra qu’au bout d’un certain temps, les Hassidim penchèrent pour l’un des deux. L’autre vint voir l’élu, en exprimant son amertume et son incompréhension: “je ne comprends pas. Nous avons eu la même formation, nous avons la même origine familiale, pourquoi viennent-ils tous vers toi, alors que personne ne vient me voir?”
Son frère lui répondit:” je t’avoue que la même question me préoccupe. Nous sommes comparables en tout. Pourquoi moi?”
Ils portèrent leur problème devant un décisionnaire qui dit au “plaignant”: mon cher, du fait que tu te demandes pourquoi on ne vient pas a toi, alors on ne vient pas a toi.
Il dit au second: et toi qui te demandes pourquoi on se tourne vers toi, alors on vient vers toi.
Le fait que Moshe se mette en retrait et élimine son nom de notre Parasha, amène la Tora à mettre l’accent sur son rôle prépondérant: VeAta….
Shabbat Shalom