בס”ד
Parashat Pikoudei – פרשת פקודי
Shémot chapitres 38 à 40
Notre parasha commence par faire un état détaillé des offrandes destinées au Mishkan, et de leur utilisation.
Puis, au risque de se répéter une fois de plus, la Tora énumère les éléments du Mishkan fabriqués par Betsalel et ses coéquipiers, en concluant chaque citation par l’expression כאשר ציוה ה” את משה – ainsi qu’Hashem l’ordonna à Moshé.
Tout ce qui devait être oint le fut, puis…
« Le premier mois de la seconde année (de la sortie d’Egypte), le premier du mois (Rosh Hodesh Nissan), Moshé érigea le Mishkan… ». Moshé monte les differents éléments, dépose les tables de la Loi dans le Aron, et les pains sur le Shoulhan, installe et allume la Ménora. Il dépose le Mizbéah Hazahav et allume les parfums. Il installe à l’extérieur le Mizbéah Ha’ola (autel des sacrifices), et y offre Ola et Minha. Il dépose le Kior (bassin), le remplit, et avec Aharon et ses fils, y lavent leurs mains et leurs pieds. La cour extérieure est à son tour clôturée.
Et la nuée recouvrit le Mishkan, tandis que la gloire divine en occupait tout l’espace.
משכן העדות
Le Mishkan est aussi appelé « le sanctuaire du témoignage ». Il prolonge l’alliance établie au Sinaï, et en est le « témoignage ». Il constitue le cadre ou Moshé viendra recevoir les ordres du Créateur.
A priori, tout est prêt pour cette fonction. Les quatre éléments « permanents » que sont
לחם תמיד, נר תמיד קטורת תמיד עולת תמיד
sont en place : les pains, la lampe, les parfums et le sacrifice, tous qualifiés de « Tamid ».
En réponse à l’action humaine de fabrication et d’éréction du Mishkan et de tous ses objets, action « du bas vers le haut », la nuée venue elle « du haut vers le bas », va à son
tour, recouvrir le Mishkan, et signifier la confirmation de l’alliance.
Mishkan et création du monde
De nombreux commentateurs soulignent le fait que le Mishkan serait un microcosme du
monde, et font un parallèle entre la création du monde et la fabrication du Mishkan, ou
plus exactement, à travers la manière dont la Tora parle des deux évènements. C’est
notamment le cas de Rabeinou Behayé.
Le professeur Leibowitz attire l’attention sur le contraste entre la somme de détails,
maintes fois répétés, relatifs au Mishkan, et la « modestie » des détails de la création.
Par exemple, certains commentateurs font remarquer que le verbe « faire » עשה est
utilisé 7 fois à propos de la création, et près de…200 fois pour le Mishkan.
On a d’un coté, une action divine –la création- et de l’autre, l’action humaine – le
Mishkan.
Sur cette « préponderence » de l’oeuvre humaine, Leibowitz cite le Midrash Hagadol :
אמר רבי שמעון בן לקיש: חביב משכן יותר ממעשה בראשית…
« Rabbi Shimon Ben Lakish a dit : le Mishkan est plus cher que l’œuvre de création… »
שמעשה בראשית לא נבראו לא בעמל ולא ביגיעה ולא סייעה בו כל בריאה
“Car l’oeuvre de création a été réalisée sans labeur, ni fatigue, ni l’aide d’aucune
créature ».
אבל משכן משה וישראל נתעסקו בו
« Alors que le Mishkan, Moshé et Israël s’y sont investis ».
Ce Midrash souligne la prépondérance de l’engagement humain dans le service divin,
alors que l’œuvre divine de cr2ation existe et se maintient par elle-même.
Versets de Béréshit, et de Pikoudei
On retrouve des allusions à ce rapport entre création et Mishkan, dans l’expression de la
clôture des travaux du Mishkan :
« Et fut achevée toute l’œuvre du Mishkan ותכל כל עבדת משכן אהל מועד ”
ויעש בני ישראל ככל אשר ציוה ה” את משה כן עשו
« Et les enfants d’Israël firent selon ce qu’Hashem a ordonné à Moshe, ainsi ils firent ».
Ceci fait écho au verset consacré a la clôture de la création (Béréshit 2/1-2) :
ויכולו השמים והארץ וכל צבאם “Furent achevés le ciel et la terre et toutes leurs armées”.
ויכל אלוהים ביום השביעי מלאכתו אשר עשה
« Et Dieu acheva le septième jour son œuvre qu’il a faite ».
Autre parallèle :
A propos du Mishkan (Bamidbar 7/1) :
ויהי ביום כלת משה להקים את המשכן
« Ce fut le jour ou Moshe finit d’ériger le Mishkan ».
וימשח אתו ויקדש אתו ואת כל-כליו
« Et il le sanctifia, ainsi que tous ses ustensiles ».
Poursuivons cette comparaison. Après les six jours de la création du monde et de l’homme
il est écrit (Béréshit 1/18) : ויברך אתם אלוהים « Et Dieu les bénit ».
On trouve une formule paralléle, lorsque le Mishkan est présenté à Moshe (Shémot 39/43)
ויהי ביום כלות משה את המשכן וימשח אתו ויקדש אתו ואת כל כליו
« Ce fut le jour ou Moshé acheva le Mishkan…il le sanctifia ainsi que tous ses ustensiles ».
Tandis qu’il est écrit a propos du Shabbat qui clôt la création (Béréshit 2/3) :
ויברך אלוהים את יום השבת ויקדש אתו
« Dieu bénit le jour du Shabbat et le sanctifia ».
L’énorme disproportion entre le cosmos infini, et la petite construction nommée
« Mishkan », n’empêche pas la Tora et ses commentateurs, de privilégier le Mishkan,
porteur de sens pour l’homme dans son service divin.
Le baal Hatourim (en petits caractères dans le Houmash), apporte une conclusion
magistrale à cette réflexion. Il revient sur l’usage du verbe “achever” appliqué tant à la
création qu’au Mishkan : ויכולו – ותכל
יש לומר כי עתה כלתה מלאכת כל העולם ולכן נמסר במסורה שאין עוד בכל המקרא מלה זו
« Il y a lieu de dire que maintenant (après l’achèvement du Mishkan), est achevée l’œuvre
de création, et donc, la tradition nous indique que ce mot (Vatékhel) ne figure nulle part
ailleurs dans la Tora ».
Autrement dit, l’œuvre de la création ne s’est réellement achevée, qu’avec l’achèvement
par Israël, du Mishkan. C’est le véritableויכולו la création du monde trouvant sa raison
d’être dans le service divin, et l’œuvre de l’homme dans le monde.
Shabbat Shalom.