בס”ד
Parashat Tsav – פרשת צו
Vayikra chapitres 6 à 10
Notre parasha est essentiellement consacrée à la fonction des Kohanim. Elle complète la précédente, Vayikra, puisque les deux traitent des Korbanot, les sacrifices.
De cette parasha va découler l’important dispositif des sacrifices qui constitueront, jusqu’à la destruction du second temple, l’essentiel de la Avodat Hashem, le service divin.
Tsav va entrer dans les détails de la fonction des Kohanim, dans le cadre des sacrifices, et s’achèvera par les sept jours d’initiation des prêtres.
A coté de la somme importante de développements halakhiques qu’elle a suscités, la « Avodat haKorbanot » a également donné lieu à de multiples interprétations spirituelles, morales, philosophiques et même historiques.
Nous avons eu l’occasion de nous pencher sur les différences d’appréciation du rôle des Korbanot, dans notre commentaire sur Vayikra, à travers la Mahloket Rambam-Ramban.
Nous allons voir que la Tora elle-même, dans certaines de ses formulations, ouvre des pistes insoupçonnées.
Voici quelques exemples, cités par le professeur Leibowicz.
Le Midrash à propos de אשם גזלות – le coupable de vols
Le verset, situé à la fin de Vayikra cite le cas d’une personne ayant volé ou conservé illicitement un objet, et a reconnu sa faute. Elle devra rembourser ou rendre l’objet, en y ajoutant un cinquième de sa valeur. Puis cette personne offrira en sacrifice un bélier…
Immédiatement après, au début de Tsav, est exposé le dispositif des sacrifices qui incombera aux Kohanim.
Cette proximité amène le Midrash Tanhouma à établir un lien entre le cas du vol et de sa réparation, et le début de Tsav, ou il est écrit :
צו את-אהרון ואת בניו לאמר זאת תורת העלה…
« Ordonne à Aharon et à ses fils (les Kohanim) ce qui suit : Ceci est la loi de la Ola (holocauste)… ».
Le Midrash poursuit :
« Le Saint béni soit-il a dit : mettez en pratique ce qui est écrit ci-dessus (réparation du vol), et ensuite « ceci est la loi de l’holocauste ». Pourquoi ? Car « je suis Hashem qui aime la justice et le droit et hait le vol dans la Ola ».
Cette succession du vol réparé, et de la Ola fait dire au Midrash : » Si tu as l’intention d’offrir une Ola, ne vole rien à personne, car « je suis Hashem qui ……. hait le vol dans la Ola ». Et quand offriras-tu une Ola qui aura mon agrément : Lorsque tu auras les mains propres de tout vol, ainsi qu’a dit David « Qui montera sur la montagne de l’Eternel, et qui demeurera sur le lieu de sa sainteté ? Celui qui a les mains propres et le cœur pur… ». מי יעלה בהר ה”.
Le Midrash interprète יעלה
qui signifie “monter”, en le situant dans notre contexte: “Qui offrira une Ola? Celui qui a les mains propres…”.
L’interprétation historique du Orah HaHayim à propos du verset 2 de Tsav
היא העלה על מוקדה על-המזבח כל-הלילה עד-הבקר ואש המזבח תוקד בו
« C’est la Ola qui se consume sur le brasier de l’autel toute la nuit jusqu’au matin ; et le feu de l’autel doit y bruler ».
Rabbi Hayim Benattar, l’un des grands sages marocains du 18ème siècle, donne à ce verset un éclairage historique, un peu « forcé », et probablement révélateur du traumatisme de l’inquisition.
Le rav évoque l’expulsion d’Espagne, et les souffrances qui l’ont accompagnée et suivie.
En quoi le verset cité plus haut est-il lié à cette douloureuse évocation ? Leibowicz propose deux pistes :
La « Ola sur son brasier » représenterait l’Assemblée d’Israël, si l’on se souvient qu’une importante partie des juifs du Maroc descend des exilés d’Espagne, dont beaucoup montèrent sur le bucher pour ne pas renier leur foi.
La suite du verset est « sur le brasier de l’autel toute la nuit jusqu’au matin… » . La nuit dont il est question évoquerait l’obscurité de l’exil. C’est de ce brasier-même que le peuple « s’élèvera » (Ola), et que naitra la délivrance-le matin.
A propos de ce verset (fin de Tsav), Reish-Lakish et Raba discutent
זאת התורה לעלה למנחה ולחטאת ולאשם ולמלואים ולזבח השלמים
“Telle est la loi de la Ola, la Minha…. (et de tous les autres sacrifices).
La Guémara Ménahot 110\1 cite les deux grands Amorayim Reish-Lakish et Raba.
« Reish-Lakish a dit : que signifie : זאות התורה לעלה ולמנחה….. Et il répond : (C’est pour nous enseigner que) tout celui qui s’occupe de la Tora, c’est comme s’il avait offert en sacrifice Ola, Minha…”
« Raba a dit : « La-Ola, La-Minha…la Tora aurait du dire « Ola, Minha…Mais dit Raba : Tout celui qui s’occupe de la Tora, n’est astreint ni à la Ola, ni à la Minha… ».
Selon le premier de nos Amorayim, la juxtaposition du mot « Tora » avec les sacrifices, vient établir une équivalence.
L’interprétation de Raba est plus audacieuse. Elle se fonde sur la présence, superflue selon lui, du préfixe « La », qu’il interprète comme restrictif : ni Ola, ni minha…
Selon Raba, l’étude de la Tora, la pratique des Mitsvot, la prière, rendraient les sacrifices inutiles.
Shabbat Shalom.