Parashat Shemini 

בס”ד

פרשת שמיני – Parashat Shemini 
Vayikra chapitres 9 à 11

ויהי ביום השמיני קרא משה לאהרן ולבניו ולזקני ישראל
“Ce fut au huitième jour Moshé appela Aharon et ses fils, et les anciens d’Israël ».
De quel « huitième jour » nous parle le verset 1 de notre parasha ?
Selon Rashi, il s’agit en fait du jour qui suit les sept jours au cours desquels Aharon et ses fils
se sont entrainés quotidiennement à la pratique des sacrifices, jours appelés ימי שבעת
מילואים .Ce « huitième jour » nous dit Rashi, était Rosh Hodesh Nissan, ou fut érigé le
Mishkan.
Effectivement, la première partie de Shemini est consacrée à l’entrée en fonction des
Kohanim, Aharon et ses fils. Ce jour de fête sera hélas entaché par la mort tragique de deux
fils d’Aharon, Nadav et Avihou.
La seconde partie de la parasha traite essentiellement des animaux permis ou interdits.
Mais revenons au début de la parasha.
Conformément aux instructions de Moshé, Aharon et ses fils procèdent méthodiquement à
toutes les catégories de sacrifices. La manifestation publique de la gloire divine, et
l’apparition d’un feu « sorti de devant l’Eternel » qui consume le sacrifice de Ola et les
graisses, vient couronner l’évènement.
Immédiatement après, les fils d’Aharon, Nadav et Avihou, prennent leurs encensoirs, y
mettent du feu et des encens…
ויקריבו לפני ה” אש זרה אשר לא ציוה אתם.
ותצא אש מלפני ה” ותאכל אותם וימותו לפני ה”.
“Et ils apportèrent devant l’Eternel un feu profane qu’il ne leur avait pas ordonné.
« Et un feu sortit de devant l’Eternel et les dévora, et ils moururent devant l’Eternel ».
Une première réflexion s’impose, à la simple lecture du récit de cet évènement tragique :
Les fils d’Aharon ne sont pas morts parce qu’ils ont fait quelque chose d’interdit, mais parce
qu’ils ont fait quelque chose qui ne leur a pas été ordonné.
Qu’est-ce que celà signifie de punir quelqu’un pour un acte « qui n’ a pas été ordonné par
Hashem» , comme si tout ce qui n’a pas été ordonné de faire, est interdit ?
Il arrive que l’on fasse une chose qui nous parait tout à fait positive, bien que rien, ni aucun
commandement, ne nous oblige à la faire.
L’initiative, l’enthousiasme, ne nous conduisent-ils pas quelque fois à ce type de
comportement ? Est-ce grave, au point de mériter la mort ?
Un des commentateurs, le Baal Hatourim, écrit :
אין לומר לא ציוה להביא אש זרה, וגם לא ציוה שלא להביאה
« On ne peut dire, ni que Dieu n’a pas ordonné d’apporter un feu profane, ni qu’il n’a pas
ordonné de ne pas l’apporter. »
אלא פירוש “אשר ציוה אותם”
« Mais l’interprétation est : qu’il leur a ordonné (de ne pas apporter) ».
Pour arriver à cette interprétation, le Baal Hatourim se sert d’un verset de Devarim (17\3)
qui met en garde contre quelqu’un qui irait se prosterner devant le soleil, les étoiles…et
« toutes les créatures du ciel que je n’ai pas ordonnées.”
Cette formulation laisse entendre qu’il n’y a, qu’il ne peut y avoir aucun Tsivouy, aucun
ordre, d’adorer les créatures du ciel, bien au contraire, et cette pratique relève donc de
.עבודה זרה idolâtrie’l
On en conclut que Nadav et Avihou ont en fait, outrepassé un ordre de ne pas apporter ce
que le texte appelle d’ailleurs « un feu profane » זרה אש.
J’ajoute que dans notre verset אתם ציוה לא אשר » qu’il ne leur a pas ordonné », le mot
« Otam » est Hasser, incomplet, sans la lettre vav, et peut être lu « Atem », vous. De votre
initiative.
Il y a une approche différente de ce texte, plus profonde, plus fine, proposée par
Yéshayahou Leibowitz.
Il est des personnes qui décident de servir Hashem différemment de ce qui est demandé par
la Tora. Ils le font avec sincérité, et sont mus par une impulsion intérieure, qu’ils veulent
satisfaire. Ce qu’ils pensent relever du service divin, n’est rien d’autre que la satisfaction de
cette impulsion.
C’est la marge extrêmement étroite, entre Avodat Hashem, et Avoda Zara, car cette Avoda
ne traduit pas l’acceptation du « joug » des Mitsvot, mais elle donne satisfaction à une
impulsion interne
Audacieusement, Leibowicz conclut que ce type de Avoda, loin de servir Hashem, sert la
personne elle-même.
Un commentateur classique, Even Ezra, affirme que, bien entendu, Nadav et Avihou n’ont
jamais eu le moindre soupçon d’intention de Avoda Zara, mais au lieu de s’en tenir à ce qui
était ordonné ou non, ils ont fait un acte qu’ils ont cru positif et souhaitable.
Le Natsiv de Volojin, auteur du Emek Davar, rapproche זרה אש » un feu profane », de אש
ההתלהבות » le feu de l’enthousiasme ».
Selon le Natsiv, ils ont voulu exprimer leur amour de Dieu, ההתלהבות מאש à partir du feu
de l’enthousiasme, et la Tora a dit que bien que l’amour de Dieu soit cher au créateur, il ne
doit pas s’exprimer par des voies qui n’ont pas été ordonnées.
En d’autres termes, ההתלהבות אש le feu de l’enthousiasme dans l’amour de Dieu, peut être
זרה אש un feu étranger, car le service divin est acceptable, lorsque la personne se soumet
aux commandements…de Dieu.
Il s’agit-la d’un degré d’exigence à cote duquel nous passons, dans notre immense majorité.
Mais la Tora est exigeante avec les grands personnages, tels Nadav et Avihou.
Rien ne nous empêche de nous rapprocher de cette exigence, chacun à son rythme et à son
niveau.
Shabbat Shalom

Dvar Charles et Herve JUDAISME