A propos de Shavouot

A propos de Shavouot

בס”ד

A propos de Shavouot

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La Tora n’indique pas la date de Shavouot, comme elle le fait pour les autres fêtes. Elle se « contente » de situer la fête au lendemain du décompte du Omer, soit 50 jours après le second jour de Pessah, ce qui nous mène au 6 Sivan.
De plus, Shavouot comme « temps du don de notre Tora » זמן מתן תורתנו découle du calcul établi par les sages, dans le traité de Shabbat. (Se reporter a ce sujet au Dvar-Tora “de Pessah a Shavouot”
La Tora nous a donc été donnée le 6 Sivan. Mais comment, dans quel état d’esprit, la recevons-nous ?
La réflexion que je vous propose porte justement sur les modes de réception de la Tora. Elle se base sur une étude du Rav Elyahou Dessler zatsal, dans son oeuvre Mikhtav MeElyahou, en espérant, par mon ignorance, et par mon souci de résumer, ne pas trahir la profondeur de ses propos.
Il existe selon lui, deux modes d’acquisition de la Tora : Hatora Lishmah, la Tora pour elle-même ; et Hatora Shelo Lishmah, pas pour elle-même, sous-entendu : pour d’autres motivations.
Si le premier mode d’acquisition est glorifié, et présenté comme idéal, le second, forcement, est perçu comme un pis-aller.
Mais nous allons voir que ce n’est pas si simple.
Pour que des êtres limités puissent recevoir la Tora, qui est l’expression d’une sagesse infinie, il a fallu de la part de Dieu, un acte de Hessed, un don.
La guémara Nedarim commente le verset de Bamidbar (21/18-19) énumérant les étapes des Bnei-Israël dans le désert : וממדבר מתנה ןממתנה נחליאל… (Et du désert à Matana, et de Matana à Nahaliel…).
La guémara y voit, non pas une description des déplacements géographiques des Bnei-Israël (pas seulement), mais un enseignement moral ou “Matana” est pris dans son sens littéral : “cadeau”.
העושה את עצמו כמדבר התורה ניתנת לו כמתנה
« Celui qui fait de lui-même un désert, la Tora lui est donnée comme cadeau ».
Cette humilité fait de lui un réceptacle pour la Tora.
Autre référence apportée par le Rav Dessler, un verset de Job, et son interprétation dans Sota :
החכמה מאין תמצא ואיזה מקום בינה… (La sagesse d’ou se trouve-t-elle…)
Sur le même mode, la guémara interprète le mot MéAyin (d’où ?) et lui attribue un autre sens :
אין התורה מתקיימת אלא במי שמשים עצמו כאילו אינו (la Tora ne perdure que chez celui qui se considere comme s’il n’était pas).
On voit qu’il y a un impératif d’humilité, d’annulation de soi, de sa volonté et de ses désirs matériels, pour être en mesure de recevoir la Tora, et de facon durable (מתקיימת).
Cette démarche est illustrée par le comportement de nos ancêtres, lorsqu’ils dirent devant le Sinai: נעשה ונשמע – nous ferons et nous comprendrons, avant d’obtenir la Tora. C’est l’expression de l’annulation totale de soi, qui prépare au נשמע, et débouche sur le don de la Tora. C’est ce qui place l’étude de la Tora Lishmah au plus haut degré.
Le rav Dessler poursuit:
“לפי זה כך היא דרכה של קבלת התורה: מראש יתקן האדם את מידותיו וישים עצמו (אנוכיותו) כמדבר וכאין. ואח”כ זוכה למתנת התורה…” (Ainsi est le mode de réception de la Tora: D’abord l’homme réparera ses midot-valeurs, comportements, en faisant de lui-même –de son égoïsme- un désert et un néant.et c’est après qu’il méritera le don de la Tora).
Notre tradition de l’étude des Pirkei-Avot entre Pessah et Shavouot, s’inscrit dans cette démarche.
On voit donc que l’acquisition de la Tora Lishmah, se place au plus haut niveau d’exigence.
Mais il existe une autre approche, rapportée dans la guémara Kidoushin 30/2 :

קידושין ל.ב
ת”ר: ושמתם “סם-תם”
נמשלה תורה כסם חיים…כך הקב”ה אמר להם לישראל “בני בראתי יצר הרע ובראתי לו תורה תבלין, ואם אתם עוסקים בתורה אין אתם נמסרים בידו…

Brayta :
« Vous placerez (Mes paroles sur votre cœur…). Le mot est décomposé par Hazal : Vessamtem : Sam (remède) Tam (achevé-complet). La Tora est comparée à un élixir, un remède de vie…Ainsi Hashem a-t-il dit à Israël « mes enfants, j’ai créé le Yetser Haraa (mauvais penchant) et je lui ai créé (je lui ai joint) la Tora comme épice-herbe aromatique-remède ; et si vous vous occupez de la Tora, vous ne serez pas livrés entre ses mains. »

On comprend bien que la Tora, son étude, sa pratique, en renforçant notre spiritualité, diminue l’emprise des mauvaises pulsions. On est en présence d’un effet quasiment « naturel ».
Contrairement aux textes précédents, voila que la Tora est donnée, et que grâce à son étude, les Midot de l’homme iront en s’améliorant.

Midrash Raba :
אמרת ה” צרופה. לא ניתנו המצוות אלא לצרף את הבריות (la parole d’Hashem est raffinée. Les Mitsvot n’ont été données que dans le but de raffiner-améliorer les créatures).

L’homme n’est pas forcement capable de se hisser au niveau du Lishmah. Il a des soucis, de santé, de parnassa, d’education, etc… il est quelquefois travaillé par des pulsions : orgueil, envies, etc… N’y a-t-il pas pour lui de porte d’entrée ?

C’est la Tora Shélo Lishmah.

Sanhedrin 105/2 :
אמר רב יהודה אמר רב: לעולם יעסוק אדם בתורה ובמצוה אפילו שלא לשמה, שמתוך שלא לשמה בא לשמה…

Toujours l’homme doit s’occuper de Tora et de Mitsvot, bien que ce ne soit pas pour elle-même שלא לשמה, car à partir du שלא לשמה, il en viendra au לשמה.

Shabbat Shalom et Hag Sameah

Dvar Charles et Herve JUDAISME