Parashat Shlah Lekha

בס”ד

Parashat Shlah Lekhaפרשת שלח לך

Bamidbar chapitres 13 à 15

 La seconde année de la sortie d’Egypte, le peuple est sur le point d’entrer en Eretz Israël. 

Hashem ordonne à Moshé d’envoyer pour visiter le pays, douze hommes, triés sur le volet, douze dignitaires, un par tribu. Parmi eux se trouvent Yéhoshoua (Josué), et Caleb Ben Yefouné.

Selon diverses sources, c’est le peuple qui aurait fait cette demande, approuvée par Dieu à posteriori.

A leur retour, les explorateurs, à l’exception des deux ci-dessus, font un rapport qui démoralise le peuple.

ותשא כל העדה ויתנו את קולם, ויבכו העם בלילה ההוא

“L’assemblée éleva la voix, et le peuple pleura toute cette nuit-la”.

Le peuple se plaint -une fois de plus- regrette l’Egypte, et exprime le projet de “nous donner un chef, et retourner en Égypte”.

Cet épisode dramatique s’achève par une bataille perdue contre Amalek, et l’annonce du report de l’entrée dans le pays. Le peuple errera dans le désert durant quarante ans, et la génération contemporaine de ces événements mourra dans le désert.

Parmi tous les “dérapages” des Bnei Israël dans le désert, deux événements laisseront des traces indélébiles dans la tradition et l’histoire juives, tous deux survenus au début de la sortie d’Egypte, alors que le peuple a vécu les miracles et les prodiges qui l’ont accompagnée.

Il s’agit de la faute du veau d’or, et de cet épisode des explorateurs.

Qu’est-ce que ces deux “fautes” ont en commun, et qu’est-ce qui les différencie. Peut-on les hiérarchiser?

Selon la tradition, la faute du veau d’or a eu lieu le 17 Tamouz, entraînant à sa suite la brisure des tables de la loi.

Et la Guémara Taanit 4/6 nous indique que quelques siècles plus tard, c’est un 17 Tamouz que ” les sacrifices quotidiens (Tamid) furent supprimés, que les murailles de Jérusalem furent enfoncées, qu’Apoustemous brûla la Tora et dressa une idole dans le sanctuaire”.

L’épisode des explorateurs a eu lieu lui, le 9 Av. En son temps il fut décrété que cette génération n’entrerait pas dans le pays.                                                                                                            Selon la Guémara Taanit 29/a

אמר רבה אמר רבי יוחנן, אותו היום, תשעה באב היה. אמר להם הקב״ה: אתם בכיתם בכיה של חינם, ואני קובע לכם בכיה לדורות.

” Rava a dit au nom de Rabbi Yohanan: ce jour-là, c’était le 9 Av. Hashem leur dit: (parce que) vous avez pleuré gratuitement, je vous condamne à des pleurs pour toutes les générations”.

Toujours selon Taanit 4/6, c’est à cette même date que le premier et le second temple furent détruits, événements qui donnent lieu à des jours de jeune et de deuil.

A première vue, la faute du veau d’or semble plus grave que celle des explorateurs, le fait de s’adonner à l’idolâtrie équivalant à toutes les transgressions. A tel point que les Hakhamim considèrent que la seule pensée liée à l’dolatrie est considérée comme de l’idolâtrie.

Mais il est vrai aussi que la Mitsva de s’installer dans le pays מצוות ישוב הארץ à laquelle les explorateurs ont porté atteinte est très importante, et “qu’elle équivaut à toutes les Mitsvot”.

Mais s’il est recommandé de se laisser tuer plutôt que de céder à l’idolâtrie (sanhédrin 74/a), ceci n’est pas exigé pour la Mitsvat Yshouv Haaretz.

Et c’est à propos de la faute du veau d’or qu’il est écrit (Shemot 32/34) “Le jour ou je me souviendrai, je leur demanderai compte de leur faute”, ce qui est interprété ainsi par les Sages:

“Il ne se produit pas un seul malheur dans le monde, qui ne comporte une trace de la faute du veau d’or”, qui serait donc bien plus grave que celle des explorateurs.

Cependant, si nous comparons la gravité au regard des sanctions consécutives à chacun des deux événements, le rapport n’est pas le même.

S’il est vrai que les adorateurs du veau d’or, comme les explorateurs furent tués, sur le plan historique les malheurs survenus le 9 Av sont bien plus graves que ceux du 17 Tamouz.

Le Rav Rivlin pointe une différence significative entre la faute du veau d’or et celle des explorateurs.

Il s’agirait de l’identité et du statut des “coupables”.

Plus leur statut est bas, plus l’effet et l’influence de leur faute est faible, et inversement.

De plus, Hashem est plus pointilleux avec des Tsadikim, pour les mêmes raisons.

La faute du veau d’or est l’œuvre du “Erev Rav”, ce mélange de population qui a accompagné les Bnei Israel, et qui, selon nos Sages, a entraîné le peuple à trébucher à plus d’une reprise.

C’est ainsi que les Hakhamim  Midrash Rabba (42/6) interprètent la parole adressée par Hashem à Moshe au moment du veau d’or (Shemot 32/7):

“Va, descends, car ton peuple s’est corrompu”. 

לך רד כי שחת עמך

״העם״ אין כתיב כאן אלא עמך…שעד שהיו במצרים אמרתי לך ״והוצאתי את צבאותי את ” עמי״ .לא אמרתי לך שלא לערב בהם ערב רב? אתה שהית עניו אמרת לי ״לעולם מקבלים השבים״….והם הם שעשו את העגל. ״אלה אלוהינו״ אין כתיב כאן, אלא ״אלה אלוהיך״…

“Il n’est pas écrit “LE peuple”, mais “TON peuple… En Égypte je t’avais dit “et je ferai sortir MES armées, MON peuple”. Ne t’ai-je pas dit de ne pas mêler à eux le “Erev Rav”? Mais toi qui étais humble, tu m’as dit “on accepte toujours ceux qui reviennent”…Ceux sont eux qui ont fait le veau d’or.  Il n’est pas écrit “voici NOTRE Dieu”, mais “voici TON Dieu”.

Alors que la faute des explorateurs a été provoquée par l’élite du peuple d’Israël, désignés par Dieu lui-même אנשים ראשי בני ישראל המה״” – ” des hommes, chefs des Bnei Israël”. 

Ceci explique partiellement la dureté des sanctions consécutives, destructions des deux temples, exil, déportation, perte de l’indépendance nationale, etc.

C’est pourquoi chacun de nous, et particulièrement toute personne investie d’autorité ou de notoriété, doit constamment peser ses paroles et ses actes.

Dvar Charles et Herve JUDAISME