Parashat Balak

בס”ד

Parashat Balak – פרשת בלק
Bamidbar chapitres 22 à 25

Apres avoir défait l’armée de Sihon, roi des Amorréens, les Bnei Israel campent dans les plaines de Moav, l’actuelle Jordanie.
Balak, roi de Moav, est affolé par l’irruption de ce peuple en route pour la terre promise.
Il convoque le prophète Bilaam, et lui ordonne de maudire Israël. Celui-ci commence par refuser. Dieu lui ordonne même de ne pas y aller : «Tu ne maudiras pas ce peuple, car il est béni ».
Après bien des hésitations, Bilaam y va quand même. Mais voila : dans chacun des oracles qu’il délivre, Bilaam ne peut que bénir Israël, provoquant chaque fois la colère de Balak, son commanditaire.
En « bon » idolâtre, Balak tente de « manipuler » Dieu par toutes sortes de manœuvres : sacrifices, changements d’emplacements, allant jusqu’à édulcorer sa demande : « Ne le maudis pas, mais ne le bénis pas non-plus ». Rien n’y fait, Bilaam continue de proférer des bénédictions.
Balak et Bilaam se séparent, non sans que ce dernier ait conseillé à Balak de changer de méthode, de Shitta, comme on le verra en fin de parasha.
Effectivement, la tentative de malédiction n’ayant pas fonctionné, Balak roi de Moav, va tenter d’entrainer la perte d’Israël en envoyant les filles de son peuple dans les bras des Bnei Israël.
וישב ישראל בשיטים ויחל העם לזנות אל בנות מואב.
ותקראן לעם לזבחי אלוהיהן ויאכל העם וישתחוו לאלוהיהן
“Israël s’établit à Shittim et le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moav.
Elles convièrent le peuple aux sacrifices de leurs divinités, et le peuple mangea et
se prosterna devant leurs dieux ».
ויצמד העם לבעל פעור ויחר אף ה” בישראל
« Le peuple se prostitua à Baal-Péor, et la colère de Dieu s’enflamma contre Israël ».

Le texte commence par nous préciser le lieu de la faute –Shittim-, non seulement pour nous donner une indication géographique, mais aussi pour nous permettre de comprendre comment ils en sont arrives là.
בשיטים: רבי אליעזר אומר: שטים שמה. רבי יהושע אומר: שהתעסקו בדברי שטות.
“A Shittim: Rabbi Eliezer dit: on y erre. Rabbi Yéhoshoua dit: ils se sont livrés à des stupidités”. (Sanhedrin 106/a).
On a bien compris que pour les maitres du Talmud, le nom du lieu, Shittim, est loin d’être anodin.
Les rabbins voient dans la racine « sh-t » comme une indication sur le comportement erratique des Bnei Israël, sortant du camp pour « aller voir ce qui se passe dehors », et faisant d’eux des proies idéales pour les prédatrices en embuscade (Orah HaHayim).
Détail compémentaire (Rav A. Rivlin) : il est à signaler que dans le mot « Shittim » on trouve aussi « Shitta », méthode, ligne directrice.
Positivement, une Shitta permet une démarche précise, continue, sans détour.
Négativement, ceux qui fonctionnent sans Shitta, se retrouvent errants, et ballotés au gré des événements et des influences.
De là, le שוטה- le stupide, au comportement bizarre, ou le סוטה- le déviant qui emprunte des chemins tortueux.
Le culte rendu à Péor à Shittim, s’écarte de la Shitta habituelle en matière de culte, et représente la stupidité dans toute sa « splendeur ». On rend un culte à Péor en recouvrant son idole d’excréments, nous disent les sages. Plus on l’humilie, plus on l’honore.
Le culte de Péor représente la סטיה – l’incitation à la perte de contrôle de l’homme sur ses instincts et ses pulsions, à briser toutes ses barrières.
En procédant ainsi, c’est en définitive l’humain créé à l’image de Dieu, qu’on humilie, qu’on dégrade et qu’on défigure.
Shabbat Shalom.

Dvar Charles et Herve JUDAISME