בס”ד
Parashat Vayélekh – פרשת וילך
Dévarim chapitre 31
Veille de Yom Kippour
Moshe Rabbeinou prend congé du peuple.
Il instaure le rassemblement annuel du « Hah’hel », Et sur l’ordre de Dieu, intronise Josué-Yehoshoua qui lui succèdera, et mènera le peuple en Eretz Israël. Cette « passation de pouvoirs » se déroule dans la tente d’assignation.
Hashem révèle alors à Moshé qu’après sa mort, le peuple retombera dans l’idolâtrie, et violera l’Alliance…
וחרה אפי בו ביום ההוא ועזבתים והסתרתי פני מהם והיה לאכל ומצאוהו רעות רבות וצרות
ואמר ביום ההוא הלא על כי-אין אלהי בקרבי מצאוני הרעות האלא
“ Ma colère s’enflammera en ce jour, je les abandonnerai, je leur cacherai ma face, il deviendra une proie ; des maux nombreux, des épreuves l’atteindront et il dira en ce jour : n’est-ce pas parce que mon Dieu n’est pas en moi que me surviennent ces malheurs ? »
ואנכי הסתר אסתיר פני ביום ההוא על כל-הרעה אשר עשה כי פנה אל אלהים אחרים
« Et moi, caché, je cacherai ma face en ce jour, à cause de (sur) tout le mal qu’il a fait en se tournant vers d’autres divinités ». (versets 17-18).
On est en droit de s’étonner. En effet, Moshe rabbeinou avait déjà évoqué cette « chute » probable du peuple, notamment dans la parasha Nitsavim, une chute qui entrainerait un repentir, un retour du peuple vers Hashem, ainsi qu’un « retour » d’Hashem. Et on se souvient que le mot Shav, laShouv…revenait à sept reprise. On était en présence d’un processus de Teshouva, et de retrouvailles entre Dieu et son peuple.
Et voila que dans Vayélekh, on nous parle de « voilement « de la face divine, un voilement répété à deux reprises.
Que signifie le fait que Dieu « voile sa face » ? Dans quel but ?
Est-ce pour rendre sa présence « invisible », ou détournerait-il sa face pour ne pas voir ?
Le Ramban-Nahmanide analyse ces voilements à l’aune des différentes phases qui préparent et précèdent la veritable Teshouva : הרהור תשובה – méditation ou intention de Teshouva, et וידוי תשובה – la confession des fautes.
Selon le Ramban, lorsque le peuple déclarera en réaction au premier « voilement » : « N’est-ce pas parce que Dieu n’est pas en moi que me surviennent tous ces malheurs », il n’exprime qu’une phase préliminaire, mais importante dans le processus de Teshouva, qu’il appelle הרהור תשובה. Il s’agit de la phase de prise de conscience des erreurs commises, et des regrets.
Mais on n’en est pas encore au וידוי תשובה – la confession des fautes, ni encore moins, à la Teshouva effective. Le peuple n’a pas totalement rompu avec les pratiques idolâtres. Ceci explique pourquoi intervient le second « voilement ».
D’autres commentateurs portent un regard encore plus sévère sur le peuple.
Le fait qu’il déclare « …Dieu n’est pas en moi » au présent, plutôt que « Dieu n’était pas en moi », montre la gravite de l’état spirituel du peuple.
Le voilement de la présence divine, qui est censé laisser l’homme responsable de ses actes, est utilisé par les fauteurs pour se dé-culpabiliser. En quelque sorte, « si Dieu avait été en moi, j’aurais agi autrement ».
Ces observations sont cependant nuancées par Rabbi Tsadok HaKohen.
Au Ramban qui pense qu’Hashem a voilé sa face car il n’y avait pas de Vidouy, ni de Teshouva complète, mais seulement une intention de Teshouva, il va opposer des textes qui semblent porter un regard positif sur הרהורי תשובה.
Par exemple, dans le traité du Talmud Kidoushin, sont évoquées différentes situations de Kidoushin, souvent extrêmes. « Celui qui est Mekadesh – qui consacre – une femme pour être son épouse lorsqu’il sera Tsadik, même si (au moment de cette déclaration) il est complètement Rashaa, la femme lui est consacrée (Mekoudéshet), car il a peut-être dans son cœur l’intention de faire Teshouva – שמא הרהר תשובה בלבו ».
Encore un texte cité par Rabbi Tsadok HaKohen, relatif à la sortie d’Egypte (Midrash Rabba-Shémot) :
« Même les méchants avaient l’intention de faire Teshouva – הרהרו לעשות תשובה – ce qui a permis la délivrance ». Evidemment, ajoute-t-il, l’intention de faire Teshouva est efficace lorsqu’elle exprime un désir vrai, ainsi que l’enseigne le Rambam-Maimonide (Hilkhot Teshouva 2/2) : « Dieu qui connait les pensées cachées, témoignera sur lui, qu’il ne reviendra plus jamais à cette faute, alors elle est immédiatement effacée ».
Pour Rabbi Tsadok HaKohen, nous avons là une allusion au verset de notre parasha :
« Le fragment de phrase: … Ce jour-là, car mon Dieu n’est pas en moi » exprime une intention de Teshouva, à laquelle il est répondu « et moi je cacherai ma face ce jour-là « sur » tout le mal qu’il a fait », c’est-à-dire que la faute sera immédiatement cachée et effacée de devant sa face béni soit-il, ainsi que toutes les fautes du monde, y compris l’idolâtrie »
Pour Rabbi Tsadok HaKohen, le voilement ne concerne pas la face divine, il concerne la faute qui sera effacée, dès l’apparition de l’intention de Teshouva – הרהור תשובה.
Belle conclusion qui ouvre largement les portes de la Teshouva, et permet à chacun de nous, à quelque stade qu’il se trouve, de revenir à lui, réorienter sa vie, et repartir dans la bonne direction.
כתיבה וחתימה טובה