Parashat Vayétsé

בס”ד

Parashat Vayétsé – פרשת ויצא
Beréshit chapitres 28 à 32

Pour échapper à la probable vengeance d’Essav, et sur recommandation de ses parents, Yaakov prend la route de Haran, ou demeure Laban, son oncle maternel. Il est censé y trouver refuge, et y prendre femme.

ויפגע במקום וילן שם כי בא השמש

ויקח מאבני המקום וישם מראשותיו

וישכב במקום ההוא

« Il atteignit l’endroit pour y passer la nuit car le soleil s’était couché

Et il prit des pierres de l’endroit les mît sous sa tête

Et se coucha en ce lieu. »

Au premier degré, ce fragment nous décrit ce qu’aurait fait n’importe quel voyageur ayant une longue route devant lui, s’apercevant que la nuit tombe, cherchant un endroit pour y passer la nuit, et s’installant pour dormir.

C’est pourtant une “mine d’or” pour les rabbins du Midrash.

Le Midrash fait d’abord remarquer, références à l’appui, que le verbe “atteindre” ויפגע suggère la prière, et que le choix de ce terme par la Tora n’étant pas anodin, c’est en ce lieu que Yaakov a institué la prière du soir, comme Yitshak celle de Minha, et Abraham celle de Shahrit.

“Il atteignit l’endroit”. ויפגע במקום.

Le fait que le mot Makom – endroit, soit précédé d’un article défini, ה מקום indique qu’il s’agit d’un lieu connu et défini. Le Midrash se réfère au récit de la Akédat Ytshak (la ligature), dans la parasha Vayéra 22/3 et 4:

“Abraham se leva de bon matin, attela son âne, prit avec lui ses deux serviteurs et son fil Yitshak, fendit du bois, et alla vers המקום-l’endroit que lui a dit l’Eternel.

Le troisième jour, Abraham leva les yeux et vit המקום – l’endroit de loin”.

Pour les Hakhamim, il s’agit du mont Moria, ou sera bâti le Beit Hamikdash.

L’indication “car le soleil s’était couché” כי בא השמש donne lieu à de nombreuses interprétations midrashiques.

כי בא השמש – « car le soleil s’est couché », est lu par les sages : כיבא השמש – « il éteignit le soleil », pour nous enseigner qu’Hashem a avancé l’heure du coucher du soleil, afin de parler à Yaakov dans la discrétion.

C’est aussi une allusion au Beit Hamikdash dont les fenêtres étaient étroites à l’intérieur et larges a l’extérieur, laissant entendre que c’est le Temple qui éclairait l’extérieur, et non l’inverse.

Ce lieu est appelé par les sages “le lieu du monde” מקומו של עולם, le lieu autour duquel le monde aurait été construit, en tout cas le lieu dont l’existence et la vocation, justifient la création du monde.

Comme Abraham et Yitshak l’ont fait avant d’affronter une épreuve, Yaakov se retrouve en ce lieu fondateur המקום avant les épreuves qui l’attendent.

A son réveil et après le rêve qu’il fit, Yaakov lui-même s’exclame “Que ce lieu est redoutable, ceci n’est autre que la maison de D.ieu et la porte du ciel”.

“Il prit des pierres de l’endroit, les mît sous sa tête, et se coucha en ce lieu”.

Les rabbins du Midrash sont intrigues par l’expression ״מאבני המקום״ .

Le préfixe “me”-מ- laisse entendre que Yaakov a “prélevé” des pierres, dont le texte ne dit pas le nombre. Selon certains maîtres, le minimum du pluriel serait deux, selon d’autres trois, une, ou douze, chacun justifiant son choix par des références.

Le Kli-Yakar a retenu le chiffre de douze, semblant indiquer la vocation de Yaakov à fonder le peuple d’Israel sur la base de douze tribus. Ces douze pierres n’étaient plus qu’une lorsqu’à son réveil, “Yaakov prit LA pierre qu’il avait mise sous sa tête”.

Pour le Midrash, les pierres se disputaient pour soutenir la tête du Tsadik, ce qui provoqua leur unification en une seule, une allusion au fait qu’Hashem ne révèle pas dans la Tora le lieu (le territoire tribal) ou sera bâti le Temple, afin d’éviter que les tribus se querellent à ce sujet.

C’est pourquoi il est écrit ( Devarim 12/5): le lieu que D.ieu choisira parmi toutes vos tribus”.

L’épisode des/de la pierre nous enseigne que Yaakov s’inquiétait de savoir si sa descendance serait capable, malgré les différences de personnalités qui la composeront, de s’unir pour constituer le Am Israel.

Chaque parent se trouve confronté au défi éducatif qui consiste à respecter la diversité des caractères et des tempéraments de ses enfants, et à favoriser le développement de chacun, tout en cultivant les aspects fédérateurs qui permettent la cohésion familiale.

Les enfants que Yaakov mettra au monde, qui fonderont les tribus d’Israël, parviendront-ils à bâtir leur unité? Ce sera l’objet des prochaines parashiot.

Shabbat Shalom.

Dvar Charles et Herve JUDAISME