Parashat Bo

Parashat Bo

בס”ד

 Parashat Bo – פרשת בא 
Shémot chapitres 10 à 13

Devant le refus permanent de Pharaon, de laisser partir les Bnei Israël, sept plaies se sont déjà abattues sur l’Egypte. La parasha Bo va voir se produire les trois dernières plaies, celle des sauterelles, des ténèbres, et la mort des premiers-nés.

Avant d’exécuter la dixième plaie, Dieu s’adresse à Moshé.  Il ordonne l’institution de Rosh Hodesh, et de considérer ce mois de la sortie d’Egypte comme le premier des mois ; il ordonne également le sacrifice de l’agneau pascal, et les bases de la célébration de Pessah.

Apres la mort des premiers-nés, Pharaon expulse les Bnei-Israël, qui se mettent en route, non sans avoir « demandé aux Egyptiens des vases d’argent et d’or, et des vêtements….et ils dépouillèrent l’Egypte ».

La parasha Bo s’achève sur l’ordre de consacrer à Dieu tout premier-né.

Les plaies

Au début de notre parasha, Hashem ordonne à Moshe de retourner chez Pharaon, dans ces termes…

ויאמר ה” אל-משה בא אל-פרעה כי-אני הכבדתי את-לבו ואת-לב עבדיו למען שתי אתתי אלה בקרבו.

« L’Eternel dit à Moshé : va chez Pharaon, car j’ai (moi-même) endurci son cœur et le cœur de ses serviteurs, afin que je place mes signes au milieu d’eux »  (10/1)  …

ולמען תספר באזני בנך ובן-בנך את אשר התעללתי במצרים ואת-אתתי אשר-שמתי בם וידעתם כי-אני ה”

« …et afin que tu racontes à ton fils et à ton petit-fils, ce que j’ai fait aux Egyptiens, et les merveilles que j’ai opérées au milieu d’eux, et vous saurez que je suis l’Eternel » (10/2)

 Une question se pose : pourquoi cette « déclaration d’intentions » intervient-elle seulement maintenant, après les sept premières plaies, alors que Dieu s’est déjà révélé dans sa toute puissance ? N’avait-elle pas sa place avant la première plaie ?

Autre question : une seule plaie n’aurait-elle pas suffi ? Ou les sept déjà accomplies ? Pourquoi ajouter trois dernières plaies ?

On est bien obligé d’en conclure que, pour des raisons que nous tenterons de comprendre, il fallait arriver au nombre de dix plaies. Pourquoi ? Quel rapport peut-il y avoir entre le nombre dix, et la démonstration de la puissance divine ?

Le Maharal de Prague (Gvourot Hashem – chapitre 57) met en relation les dix plaies, avec les « dix paroles avec lesquelles le monde fut créé » selon une mishna des Pirkei-Avot.

« Tu dois savoir que lorsque Dieu amena les plaies sur l’Egypte, il les abattit sur toutes les parties du monde…qui sont au nombre de dix, ces dix partie que le Saint béni soit-il a créées durant les six jours de la création. Chacune des parties correspond à une des dix paroles créatrices. Et ceci, bien que les plaies ne se produisaient pas dans l’ordre des paroles créatrices, car les plaies étaient infligées selon un ordre croissant de dureté…De toutes façons, on peut trouver quelles plaies correspondent aux dix paroles créatrices… »

Le Maharal explique que les plaies se sont produites dans l’ordre inverse de la création. Quelques exemples :

-La dernière parole : « Et Dieu dit : voici, je vous ai donné toute végétation… » L’Eternel a donné aux êtres vivants la nourriture, qui nourrira leur sang. Cette parole a été changée, lors de la première plaie, le sang.

-Elle est précédée par « Que les eaux pullulent… », correspondant à la deuxième plaie, les grenouilles.

-La troisième plaie, voit la terre se transformer en poux. Elle est à mettre en rapport avec la parole  « que les eaux soient rassembléeset que la terre apparaisse.

Etc…

Voyons la Mishna des Pirkei Avot à laquelle il est fait référence :

בעשרה מאמרות נברא העולם. ומה תלמוד לאמר הלא במאמר אחד יכול להבראות?

אלא להפרע מן הרשעים שמאבדין את העולם שנברא בעשרה מאמרות

וליתן לצדיקים שמקיימין את העולם שנברא בעשרה מאמרות

« Avec dix paroles le monde a été créé. Et qu’enseigne la Tora ? Une parole n’aurait pas suffi ?

Mais c’est afin de sévir contre les méchants qui détruisent le monde créé avec dix paroles

Et de récompenser les justes qui édifient le monde créé avec dix paroles » (5/1)

Le Maharal écarte l’explication selon laquelle l’importance de la punition ou de la récompense, serait proportionnelle au nombre de paroles avec lesquelles Hashem a créé le monde….car…

כי לא שייך עמל לפני הקב”ה ולא בעמל ויגיעה ברא אלהים את עולמו, אם כן מאי שנא מאמר אחד ועשרה מאמרים ?

Le Maharal nous explique que la notion de labeur, ou de fatigue, ne peuvent s’appliquer à Dieu dans la création du monde ; si c’est ainsi, dit-il, qu’est-ce que celà change, qu’il ait fallu une parole, ou dix paroles ?

ויש לך לדעת כי מה שנברא העולם בעשרה מאמרות ולא במאמר אחד מורה שהעולם הזה יש לו מעלה עליונה

והשם יתברך שכינתו בעולם הזה, ומורה על זה מספר עשרה, כי השכינה עם עשרה תמיד ולא פחות מעשרה…

 

Le Maharal répond à la question « pourquoi dix paroles plutôt qu’une ? »…

« C’est pour indiquer le degré d’élévation de ce monde, ou réside la Présence Divine (la Shékhina). Le nombre dix en est l’indicateur, dix et pas moins…Le nombre de dix indique ce degré de sainteté… ».

Dix paroles créatrices, dix commandements, dix hommes nécessaires pour la Kédousha ou le Kaddish…et dix plaies.

Le rav Mandelboim (Mimaamakim) rapporte une citation du Zohar, à propos d’un verset d’Isaïe (19/22) :

ונגף ה” את מצרים נגוף ורפוא                Hashem frappera l’Egypte., il frappera et il guérira

נגוף למצרים – ורפוא לישראל                Il frappera l’Egypte, et il guérira Israël

Les plaies ont réactualisé les dix paroles de la création, et rappelé qui est le Maitre du monde. Elles ont été douloureuses pour les Egyptiens, et on simultanément « guéri » Israël.

Les dix plaies ont uni le peuple d’Israël, l’ont élevé spirituellement, et l’ont préparé à recevoir les dix commandements.

C’est sous cet angle que nous pouvons comprendre le verset cité au début de ce commentaire

« afin que je place mes signes au milieu d’eux »  

« …et afin que tu racontes à ton fils et à ton petit-fils, ce que j’ai fait aux Egyptiens, et les merveilles que j’ai opérées au milieu d’eux, et vous saurez que je suis l’Eternel »

Les « signes » évoqués s’ajoutent aux plaies précédentes, pour arriver au nombre de dix, ce qui nous permet de saisir leur fonction : révélation des dix paroles par lesquelles le monde fut créé, et manifestation de la Présence Divine dans son monde

Les Bnei-Israël ont atteint le degré de « connaissance de Dieu » dont parle notre verset, connaissance du rôle et de la place d’Hashem dans la création. Cette génération est d’ailleurs appelée « Dor Dé’a – la génération de la connaissance ».

Shabbat Shalom

Dvar Charles et Herve JUDAISME