parashat Nasso Herve REHBY

Nous avons lu ce Shabat la parasha de Nasso en חוץ לארץ – en dehors d’Israël. Pardon pour ce Dvar Torah décalé, mais je suis encore bloqué en France. Cette parasha de Nasso est donc la plus longue de toute la torah. Elle nous parle de nombreux sujets comme le décompte de familles de Lévy, la quarantaine des personnes impures, le protocole de Sota, et le statut du Nazir etc..
Le chapitre 6 de Bamidbar se termine par la bénédiction sacerdotale, la ” Birkat Cohanim ”
Cette bénédiction est un moment très important de la liturgie notamment de Shabat. Les prêtres reçoivent l’ordre de bénir les enfants d’Israël en ces termes : ” כה תברכו את בני ישראל – AINSI vous bénirez les enfants d’Israël  “. Le terme כה-KOH est traduit par AINSI. Il correspond à la contraction de “kakha ou kmo zé” c’est à dire “comme ça ” donc “ainsi”.
L’interprétation midrashique nous apprend que ĺa parole des prophetes est toujours introduite par le terme KOH comme dans les nombreux versets commencant par ” KOH amar hashem – ainsi a dit Dieu”. Alors que la parole de Dieu dite par Moshé commence par ” ZÉ hadavar – c’est la parole”.
La différence entre KOH et ZÉ réside en ce que ZÉ fait référence à la parole exacte, inchangée et scrupuleusement transmise de Dieu aux hommes par l’intermédiaire de Moshé. Alors que KOH indique le caractère incertain de la parole transmise par les prophètes. L’incertitude ne signifiant pas inexactitude ou falsification de la parole, comme ont pu le dire des générations de gloses antijudaiques.
Ce terme de KOH indique bien l’embarras du prophète happé par le songe ou la vision, ne sachant pas vraiment discerner le sens de son  expérience extatique comme on le voit chez Ezechiel ou Ovadia ou même Jonas. il montre que le prophète se fait l’écho de ce qu’il croit avoir perçu en toute simplicité et humilité. C’est ce qui rend la prophétie définitivement ouverte à l’interprétation éternelle. Une prophétie qui serait claire et limpide  perdrait sa pemanence une fois sa réalisation supposée advenue. Le terme KOH suggère donc une part d’obscurité dans la parole reçue et transmise.
On pourrait s’étonner à juste titre que le terme approximative de KOH introduise la bénédiction des Kohanim. En fait nos maîtres enseignent que les mots de la bénédiction sacerdotale sont limpides, sans ambiguïté ni incertitude. Mais le terme de KOH approximatif fait référence à la gestuelle de prêtres au moment de la bénédiction, qui n’est pas indiquée dans la Torah et qui a été consacrée par l’usage et le consensus des rabbins au cours du temps et notamment sous l’influence des mouvements kabbalistique à partir du 13ème siècle en Espagne. Le cérémonial que nous connaissons aujourd’hui dans touts les synagogues du monde s’est imposé il y quelques décennies seulement. Contrairement à ceux qui pensent l’avoir connu dans leur enfance en Pologne ou en Irak, à Bordeaux ou à Tunis. Ce rituel est alternatif, comme le laisse entendre le mot d’introduction KOH , même si les mots de la bénédiction sont eternels.
Il reste que l’incertitude du KOH est aussi relative au contenu même de la bénédiction – Dieu eclairera,  tournera sa face … qui nous incite à la persévérance dans l’espoir de jours meilleurs,  de comportements personnels meilleurs pour qu’enfin la bénédiction d’Israël par les prêtres soit donnée FINALEMENT par Dieu lui-même, comme Rashi le dit dans son commentaire sur ” ואני אברכם – vaani avarekhem – et MOI je LES benirai “.
Entre l’hésitation balbutiante de KOH et la certitude inaltérable de ZEH, il y a la différence de leurs valeurs numériques. 25 pour KOH, et 12 pour ZEH, soit 13 valeur numérique de אחד – unité et aussi אהבה – amour. L’incertitude doit toujours garder l’unité et l’amour pour que l’espoir en l’avenir perdure. Enseignement

Beau programme en perspective et quelques efforts encore.
Shavoua tov. Bonne santé. Hervé Rehby