Parasha Matot

בס”ד

Parasha Matot
Bamidbar chapitres 30 a 32

Le chapitre XXXI de notre parasha traite de la question des vœux, puis de l’ordre donné à Moshé de mener son dernier combat contre Midyan.

Le chapitre XXXII relate la demande faite à Moshé par les tribus de Réouven et Gad de ne pas entrer en Eretz Israël et de s’installer sur le territoire de Yaazer et Guilaad, plus favorable a leurs nombreux troupeaux.

Moshé est scandalisé par leur demande, il les traite de lâches et va jusqu’a les comparer aux explorateurs.

Les deux tribus s’engagent alors à entrer dans le pays et prendre une part active à la guerre de conquête et une fois assurée l’installation des tribus, revenir dans le “vert pays” ou Ils auront préalablement installé leurs troupeaux et leurs enfants.
Accord conclu et approuvé par D.ieu.

Dans son livre de commentaires, le Rav Abraham Rivlin s’intéresse aux termes utilisés dans l’échange entre Moshé et les Bnei Gad et les Bnei Réouven.

Reprenons le récit.
Les premiers mots du chapitre sont: ומקנה רב היה לבנה ראובן ולבני גד עצום מאוד ויראו ……והנה המקום מקום מקנה.
« Or les Bnei Réouven et les Bnei Gad avaient des nombreux troupeaux considérables et Ils virent que l’endroit était favorable pour le bétail »
.
Vient alors leur demande:

«Ce pays est propice au bétail, or nous avons du bétail….que ce pays soit donné en possession à tes serviteurs. Ne nous fais point passer le Jourdain ».

Après les violents reproches de Moshé, Ils reviennent vers lui et déclarent:

« Nous voulons construire ici des parcs à brebis pour notre bétail et des villes pour nos enfants.
Et nous irons en armes résolument devant les enfants d’Israël…nos enfants demeureront dans les villes fortifiées…..Nous ne rentrerons que lorsque les enfants d’Israël auront pris possession de leur héritage ».

Remarques:

D’entrée de jeu, la Tora pointe ce qui est important pour les deux tribus: leurs troupeaux et la nécessité de leur trouver une terre de pâturages.

Lorsque Moshe les réprimande et qu’ils prennent leurs engagements, ils le font dans des termes qui posent encore problème: à nouveau, ils donnent la primauté à leurs troupeaux sur leurs enfants : « Nous construirons des enclos pour nos troupeaux, et des villes pour nos enfants ». Et surtout, ils déclarent qu’ils iront en armes devant les Bnei Israël, comme si l’on était en présence d’une guerre “normale”, fondée sur des rapports de force.

Les Rabbins, surtout dans le Midrash, ne manqueront pas de pointer et de moquer le coté matérialiste de leur démarche.

La réponse de Moshé (verset 20) va tout remettre en place:

Moshé leur dit: « Si vous faites cette chose, si vous marchez devant l’Eternel à la guerre, que tous vos guerriers passent le Jourdain devant l’Eternel jusqu’à ce qu’il ait chassé ses ennemis devant lui et que le pays soit conquis devant l’Eternel, alors seulement vous reviendrez et serez quittes devant l’Éternel et Israël et cette contrée sera votre possession devant l’Eternel…..

« Bâtissez des villes pour vos enfants et des enclos pour vos troupeaux…. »

Les deux tribus acceptent ce qu’ils avaient eux-mêmes proposé. A cela près, que l’échelle de valeurs qui sous tendait leur demande est totalement inversée : Devant l’Eternel (et non devant les Bnei Israel), et « vos enfants » avant « vos troupeaux ».

Ce débat met en évidence la primauté de l’humain sur le bien matériel, et la relativité de la force militaire si elle ne s’appuie pas sur le divin.
Il souligne enfin la primauté des devoirs sur les droits.

Les Bnei Gad et les Bnei Réouven ont eu le mérite de reconnaitre qu’avant de réclamer des droits, il leur fallait prendre des engagements.

Shabbat shalom

Dvar Charles et Herve JUDAISME