Parashat Mass’ei

בס”ד

Parashat Mass’ei – פרשת מסעי
Bamidbar chapitres 33 à 36

 

Les Bnei-Israël sont à la veille de leur entrée en Eretz Israël. Les thèmes de notre parasha reflètent cette imminence.

Les Bnei-Israël reçoivent l’ordre de conquérir la terre, d’en chasser les habitants et d’attribuer par tirage au sort, un territoire à chaque tribu, exception faite des deux tribus et demi ayant obtenu la permission de s’établir de l’autre coté de la frontière.

Dieu indique alors quelles seront les frontières d’Eretz Israël et désigne les représentants des tribus, qui prendront possession du pays, sous la direction d’Elazar haKohen et de Josué.

Viennent ensuite les instructions relatives aux 42 villes attribuées aux Lévis, auxquelles s’ajoutent 6 villes refuges destinées à abriter les meurtriers, jusqu’au décès du Kohen Gadol en exercice.

La parasha s’achève sur la démarche des descendants de Yossef, tendant à limiter la portée de l’héritage accordé aux filles de Tsélofhad.

 

Mais revenons au début de notre parasha qui, comme l’indique son nom, traite des « Mass’ei Bnei-Israël », des « déplacements” du peuple depuis la sortie d’Egypte à ce jour de sa quarantième année dans le désert.

אלה מסעי בני ישראל…

ויכתוב משה את מוצאיהם למסעיהם על פי ה”

ואלה מסעיהם למוצאיהם

« Voici les déplacements des Bnei-Israël…

Et Moshe écrivit leurs départs et leurs étapes sur l’ordre de l’Eternel

Et voici leurs étapes et leurs départs ».

Les commentateurs se posent une double interrogation :

-Quelle est l’utilité de rappeler toutes ces étapes ?

-Quel est le sens de l’inversion dans le même verset, entre מוצאיהם למסעיהם (leurs départs et leurs étapes) et מסעיהם למוצאיהם  (leurs « étapes et leurs départs) ?

Rashi répond à la première question au nom de son maitre, Rabbi Moshé Hadarshan :

« Ces מסעות  – déplacements –  ont été inscrits là pour mettre en évidence la bonté divine. Car bien qu’il les ait condamnés à errer dans le désert, ne va pas dire qu’ils avaient erré d’étape en étape pendant quarante ans, sans possibilité de repos.

Il n’y a que 42 étapes. Si tu déduis les 14 étapes de la première année précédent le décret (c’est-à-dire avant l’affaire des explorateurs)…ainsi que 8 étapes qui ont suivi la mort d’Aharon pendant la quarantième année, il s’avère que durant 38 ans, ils n’eurent que 20 déplacements ».

Mais, poursuit Rashi, « Rabbi Tanhouma l’interprète autrement : celà ressemble à un roi dont le fils était malade et qu’il dut emmener en un lieu éloigné pour le guérir. Sur le chemin du retour, son père commença à énumérer toutes les étapes de leur périple en lui rappelant : c’est là que nous avons dormi, là que nous avons eu froid, là que tu as eu mal à la tête, etc ».

Ces deux explications apportées par Rashi sont à la fois proches et différentes.

Malgré les écarts de conduite des Bnei-Israël durant les 40 années de désert et malgré la condamnation à 40 ans d’errance, Dieu agit en « père » indulgent, comme peut l’être un père pour son enfant. Les nuées, la manne, les étapes…en sont l’expression.

Cela rejoint le Midrash Tanhouma du deuxième commentaire. Celui-ci propose un élément supplémentaire : la notion de maladie et de guérison.

J’emprunte à David Saada (Au cœur de verset) cette explication :

Dans ce Midrash Tanhouma, le roi est Dieu et le fils malade est Israël.

On comprend bien qu’au terme de 40 ans de désert, la « guérison » est achevée. Autrement dit, les 40 ans de pérégrinations étaient destinés à « guérir » le peuple. Mais de quoi ?

La maladie en question est la métaphore de la relation défectueuse avec Dieu qui a caractérisé le comportement d’Israël dans le désert. (C’est là une allusion aux épisodes des explorateurs, de Korah et bien d’autres).

Les déplacements dans le désert ont été, selon le Midrash, les occasions d’administrer les thérapeutiques nécessaires, pour que la pathologie de la relation avec Dieu de la génération du désert, soit guérie…

La liste des pérégrinations des enfants d’Israël est donc comme le protocole du traitement, document indispensable en cas de récidive.

J’ai évoqué au début de ce texte l’inversion dans les termes utilises : את מוצאיהם למסעיהם…מסעיהם למוצאיהם

Selon le Maguid de Douvna, les Bnei-Israël ne réalisaient pas l’importance d’Eretz Israël, ce qui leur importait le plus était de fuir l’Egypte. Ce n’était pas le cas de Moshé, qui savait qu’il les conduisait vers le pays ou coulent le lait et le miel. Il a donc consigné les étapes à venir : « Et Moshé écrivit leurs départs et leurs étapes ».

Tandis que les bnei-Israël ont décompté ce qui les éloignait de l’Egypte : « Et voici leurs étapes et leurs départs ».

En d’autres termes et en guise de conclusion pour notre temps, l’Alya en Eretz Israël doit se décider, non par rejet du pays que l’on quitte, mais comme l’expression d’un choix positif.

Shabbat Shalom.

Dvar Charles et Herve JUDAISME